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Marché des céréales Les éléments baissiers l’emportent... pour l’instant

© Philippe Roy

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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Blé : la descente se poursuit

Les blés français continuent de perdre du terrain cette semaine, notamment à Rouen (–4,5 €/t, à 204 €/t) et à La Pallice (–4,5 €/t, à 203,5 €/t). En revanche, la cotation Moselle a peu varié, à 202 €/t.

Les blés français ont ainsi suivi la baisse des prix mondiaux (–5 à –6 $/t pour les blés de la mer Noire et états-uniens), faisant suite aux commentaires des autorités russes qui ont freiné les spéculations sur les restrictions à l’exportation par le premier exportateur mondial de blé. En Russie, le recul du rouble face au dollar explique également la baisse des prix russes.

La nouvelle publication de chiffres de récolte par l’association des producteurs allemands (à 18,6 Mt pour le blé d’hiver) n’a pas permis d’enrayer cet affaissement, le marché ayant déjà intégré la chute de la récolte allemande. Ce chiffre nous semble trop pessimiste. D’ailleurs, le ministère de l’Agriculture a publié le 24 août une estimation plus réaliste, à 19,5 Mt.

La situation mondiale de blé reste toutefois tendue ce qui devrait limiter une nouvelle diminution des cours.

Du côté de la demande, l’activité est plutôt ralentie en raison des congés et de la fête de l’Aïd el-Kebir dans les pays à confession musulmane.

Les résultats partiels de la qualité du blé tendre ont été publiés par FranceAgriMer cette semaine. Ils confirment le bon millésime 2018, avec des teneurs en protéines de 11,5 % ou plus pour 91 % des échantillons analysés, des poids spécifiques supérieurs à 77 kg/hl pour 74 % des échantillons et des temps de chute d’Hagberg élevés.

Orge : teneurs élevées en protéines pour les orges brassicoles du Nord de l’UE

Le prix des orges fourragères a perdu 3 €/t en Fob Moselle et en rendu Rouen (à 202,25 et 205,75 €/t), à la suite du blé. Exprimé en dollar, les orges françaises se sont, au contraire, renchéries (+1 $/t, à 243 $/t) en raison du raffermissement de l’euro face au billet vert. Dans le même temps, le prix des orges de la mer Noire n’a pas varié.

Les orges brassicoles cèdent, quant à elles, 5 €/t pour les variétés d’hiver et 4 €/t pour les variétés de printemps. Dans le nord de l’UE, les premiers résultats qualitatifs indiquent, sans surprise, des protéines élevées (supérieures au cahier des charges des malteurs), avec une forte proportion de la production ayant des teneurs en protéines supérieures à 11,5 %. Le bilan brassicole de l’UE présente un déficit en orge de printemps et un léger excédent en orge d’hiver.

Maïs : les bonnes perspectives de rendements aux États-Unis plombent les prix

Aux États-Unis, les résultats du tour de plaine réalisé par Pro Farmer sont plutôt bons avec des rendements nettement supérieurs à la moyenne triennale dans les grands États producteurs. Cela a pesé sur les prix mondiaux : les maïs US cédant 5 $/t et les maïs ukrainiens –11 $/t. Les maïs ukrainiens ont donc corrigé plus fortement que les concurrents car ils n’avaient pas suivi la baisse de la semaine dernière.

Dans l’UE, la situation des cultures de maïs reste contrastée avec de bonnes perspectives dans le Sud (notamment Bulgarie et Roumanie) mais des potentiels de rendement fortement endommagés par le temps chaud et sec de l’été en France et en Allemagne. De plus, d’importants transferts du grain vers l’ensilage sont à prévoir étant donné la pénurie de fourrage dans certaines zones. D’après FranceAgriMer, l’état des cultures de maïs reste nettement moins bon que l’an dernier, avec 61 % des parcelles dans un état bon à très bon, contre 80 % l’an dernier.

Les bonnes perspectives de récolte US pèsent lourdement sur les cours du soja

Les cours du soja se sont fortement rétractés sur le marché à terme de Chicago. Durant la semaine écoulée, ils ont perdu 16 $/t sur le rapproché. Les résultats des tours de plaine réalisés par plusieurs analystes américains laissent présager de très bons rendements de soja, supérieurs à la moyenne des trois dernières campagnes dans la plupart des gros états producteurs (Minnesota, Illinois, Indiana, Ohio, Dakota du Nord et du Sud). Ces mesures semblent donner raison à l’USDA, qui prévoit une récolte record proche de 125 millions de tonnes (Mt), contre 119,5 Mt l’an dernier. La légère dégradation du pourcentage des sojas jugés bons à excellents au début de la semaine n’a pas entamé l’optimisme des opérateurs quant à l’ampleur de la récolte nord-américaine.

Par ailleurs, cette semaine, des officiels chinois et états-uniens se rencontraient pour la première fois depuis juin pour discuter des différends commerciaux qui opposent les deux plus grosses économies mondiales. Jeudi soir, les deux journées de négociations se clôturaient sans résultat significatif. Au contraire, de nouvelles taxes ont été mises en place de part et d’autre, concernant 16 milliards de dollars de biens supplémentaires.

Le colza se replie légèrement sous l’effet du taux de change

Le colza recule de 4 €/t en rendu Rouen et de 6 €/t en Fob Moselle. Sur Euronext, la baisse est d’environ 7 €/t sur le rapproché. La baisse s’explique surtout par la remontée de l’euro face à la monnaie américaine (1,16 $/€ contre 1,14 $/€ la semaine dernière). En effet, exprimés en dollar, les prix européens du colza résistent bien à la pression baissière du soja. Après une moisson européenne décevante, la dégradation des perspectives de récolte dans les autres bassins de production soutient les cours. Au Canada, le temps est en effet resté très sec ces dernières semaines, ce qui a entamé les potentiels de rendements. La récolte de canola démarre tout juste (3 % réalisés dans le Saskatchewan). Dans l’est de l’Australie, un important déficit hydrique est également à déplorer et les prévisions de rendement y sont déjà revues en légère baisse.

En tournesol, les prix perdent 5 €/t à Saint-Nazaire, à 320 €/t. En France, la récolte a démarré dès la mi-août. Après un bon début de cycle, la météo sèche et chaude de l’été a affecté les rendements surtout dans le Nord-Est. En revanche, en Europe du Sud-Est (Roumanie, Bulgarie), et en mer Noire, les conditions sont plutôt très bonnes.

Les tourteaux dégringolent

Directement entraînés par la chute du prix de la graine, les tourteaux de soja reculent de 23 $/t sur le rapproché à Chicago. À Montoir, ils perdent 17 €/t. Le prix du pois fourrager est stable cette semaine, à 220 €/t au départ de la Marne. Les pois résistent pour le moment à la chute des tourteaux, soutenus par la bonne demande des fabricants d’aliments.

À SUIVRE : conditions de fin de cycle pour le maïs, le soja US et les canolas australien et canadien, avancement et résultats de la récolte de canola au Canada, taux de change euro/dollar.

Tallage

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